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Maroc : Mohammed VI, le Mali et l'Agérie

31/01/2013 13:55

En dépit de critiques, pour l'instant contenues,

le Maroc affiche son soutien à l'opération militaire française au Mali.

 

« À Rabat, l'intérêt pour la situation malienne est bien supérieur à sa médiatisation », résume l'analyste Abdelmalek Alaoui. Le royaume ne partage pas de frontière avec le Mali, mais les liens culturels, religieux, humains et tribaux sont nombreux entre les deux pays. Les chorfa (chefs religieux se réclamant de la descendance du prophète Mohammed) du Mali et du Maroc entretiennent des liens depuis des siècles.

Sur le plan politique, le roi Mohammed VI est tenu au courant « plusieurs fois par jour » des évolutions sur le Il a donné l'autorisation de survol du territoire qui a permis au quatre premiers Rafale venus de Saint-Dizier (France) de rejoindre le Mali le 13 janvier (voir encadré ci-contre). Le roi s'est entretenu de la crise malienne avec François Hollande, au téléphone, lors de son récent séjour privé à Paris. En dépit de critiques, pour l'instant contenues, Rabat affiche son soutien à l'opération visant à contrer l'avancée des groupes armés qui ont pris possession du nord du Mali, dans le but de restaurer l'intégrité territoriale de ce dernier.

« Dans toute cette affaire, le Maroc veille à ne pas heurter, blesser ou gêner l'Agerie.La tragédie d'In Amenas est là pour rappeler que nos deux pays sont confrontés au même risque terroriste », insiste un diplomate marocain, qui note que le travail de sensibilisation du royaume a porté ses fruits au sein de l'Organisation des Nations unies. En décembre 2012, le Conseil de sécurité, présidé alors par le Maroc, a adopté à l'unanimité la résolution 2085, qui autorise l'intervention internationale et le déploiement de la force africaine.

 

 

Exclusif : les Rafale français n'ont pas survolé l'Algérie

Le 13 janvier, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, annonce que des avions Rafale français ont survolé l’Algérie pour bombarder les sites jihadistes autour de Gao. Précipitant ainsi Alger dans le conflit malien. Aujourd’hui, Jeune Afrique apprend que les avions de chasse sont en réalité passés au-dessus du Maroc.

Paris, le 15 janvier. Au siège du Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se fait présenter devant quelques journalistes les détails opérationnels du raid que quatre avions Rafale ont effectué, deux jours auparavant, sur les sites jihadistes de la région de Gao, dans le Nord-Mali.

Sur un écran, devant le ministre, on distingue le plan de vol que les chasseurs-bombardiers français ont suivi entre Saint-Dizier (France) et N’Djamena (Tchad). Durée : 9 heures 35, avec cinq ravitaillements en vol. Les pilotes ont l’ordre de faire des « frappes rapprochées ». L’effet de surprise doit être total. A midi, les quatre Rafale détruisent simultanément trois cibles militaires autour de Gao. Puis ils reviennent pour en frapper une quatrième.

Pour arriver jusqu’au Mali, l’itinéraire présenté à Le Drian contourne clairement l’Algérie  par le Maroc, à l’Ouest.

Le 15 janvier, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, se fait présenter le plan de vol des quatre Rafale. 
C'est celui qui est présenté plus haut.(DR)

Pourtant, le 13 janvier au soir, Laurent Fabius, le ministre Français des affaires étrangères,a annoncé que les avions français avaient survolé le territoire algérien  et il a remercié l’Algérie de sa coopération, la précipitant ainsi dans le conflit.Dans la crise malienne, le pouvoir algérien a longtemps prôné le dialogue avec certains groupes islamistes et une sortie de crise par le dialogue politique plutôt que la solution armée. Farouchement opposé à une quelconque intervention militaire sur un territoire étranger, il semble donc avoir été pris de court par les déclarations françaises et n’a jamais confirmé que les Rafale avaient utilisé son espace aérien.

L'Algérie précipitée dans la guerre

Trois jours plus tard, le 16 janvier, des jihadistes prennent en otage plusieurs dizaines d’expatriés sur le site gazier d’In Amenas, au sud-est de l’Algérie, à la frontière avec la Libye. Prétexte invoqué par les terroristes : l’autorisation de survol donné par Alger aux appareils militaires français. En réalité, tous les observateurs s’accordent à dire qu’une opération de cette envergure ne se monte pas en trois jours.

Pourquoi Laurent Fabius remercie-t-il l’Algérie pour un service qu’elle n’a pas rendu ? Est-ce parce que le feu vert algérien a été donné trop tard – après le décollage des quatre Rafale de l’aéroport de Saint-Dizier, le 13 janvier à 6 heures du matin ? Est-ce pour ménager l’avenir ? Y a-t-il eu réellement une autorisation de survol ? Les terroristes auraient-ils frappé si la France n’avait pas annoncé cette autorisation ? Autant de questions qui restent ouvertes.

 


 

 

 


 

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